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De : Elemmirë Page web : http://lemondedelemm.canalblog.com Date : Lundi 24 mars 2008 à 20:08:26 | ||
J'ai trouv" la forme formidablement cohérente, réaliste, efficace. C'est noir, noir, noir, c'est crédible, c'est un bout de vie désespérée et sombre, et, comme le fait remarquer Maedhros, le problème du coup est que rien ne permet de s'en distancier. L'ombre peut être interprétée comme une simple projection de la jeune fille: le décès de son amie après son souhait n'est alors qu'une coïncidence, qui vient renforcer la pensée magique associée à cet être imaginaire, et elle peut très bien avoir tué son beau-père elle-même, alors qu'elle se croit encore dans la pièce à côté. Ce qui expliquerait que sa mère se jette sur elle avec agressivité. J'ai ressenti comme 'Roquen, sur le fond du texte, une apologie du suicide: la mort est la seule porte de sortie, tant pour Gaëlle que pour Florence. Quant à la mort du beau-père, elle est libératrice aussi en quelque sorte, pour la mère par exemple. Elle aurait pu l'être aussi pour Florence, mais malgré ça, elle se suicide (j'ai du mal à comprendre la fin autrement que comme une défenestration moi aussi). En plus, cette défenestration est attendue: la gamine suicidaire qui vit au 15ème étage et fait des TS aux médocs et aux rasoirs, le jour où elle ne veut pas se rater, la fenêtre est l'évidence même. Je pense que si ton texte appelle un sens, contrairement à ceux d'autres auteurs, c'est qu'il touche à des sujets sensibles et traite de thèmes qui font débat: la mort libératrice, la folie, le suicide, la dépression, la misère sociale, la souffrance, ... Difficile de rester neutre quand on traite ces thèmes, donc forcément, on attend une prise de position. Plus, par exemple, que quand on traite de la vie des cafards ou des farces d'un lutin murphysien Je tourne et retourne le texte dans ma tête (personnellement, je ne me sens pas capable de le relire, il est très dur et ça n'a pas été une partie de plaisir), et je cherche ce qui manque pour créer la distanciation. L'ombre devrait pouvoir être plus clairement définie comme un élément fantastique, et non une projection de l'esprit de la jeune fille: j'en sais rien, déplacer des objets, téléporter la gosse, etc, des trucs que clairement elle ne pourrait pas réaliser elle-même. Et la fin devrait pouvoir être interprétée autrement: des ailes blanches qui lui poussent, un réveil en sursaut après, que sais-je... Ici, la mort est perçue comme la seule solution possible. Et ça, c'est dérangeant. Concernant les lecteurs, il me semble que ton texte, tel quel, mériterait au moins deux avertissements préliminaires: 1) Lecteurs sensibles, s'abstenir; 2) L'auteur précise que les points de vue développés dans ce texte ne sont pas les siens, et précise ne pas défendre personnellement le suicide (ou quelque chose du genre, enfin tu formulerais ça mieux que moi). Ou alors, il faudrait changer la fin et faire un happy end. Pour résumer, je dirais que le point positif est que tu parviens très très bien à toucher le lecteur. Ton écriture est parfaite de ce côté-là. Mais maintenant que tu sais atteindre le lecteur, reste à mesurer tes coups portés pour éviter de le blesser trop grièvement. Pour aussi bon que soit ton texte sur le plan formel, je ne le relirais pas une seconde fois... J'espère que tu comprends mon point de vue, je veux dire, on est là pour faire de la littérature, l'imaginaire qui fait du bien, qui transporte ailleurs, qui provoque des émotions, qui joue à nous faire peur, qui nous angoisse et nous bouleverse. Mais quand on ferme le livre, on doit pouvoir se dire "Ouf, c'est juste une histoire". Ici, rien ne nous permet de distancier. Ta plume est très bien aiguisée, prends soin de ne blesser personne avec... En espérant que nos remarques ne te blesseront pas, toi, Elemm' Ce message a été lu 6973 fois | ||
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7 Distanciation 2 - Estellanara (Jeu 27 mar 2008 à 17:28) |