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Mais que font les Anges ?

Une pâquerette qui poussait tranquillement au bord du chemin eut juste le temps d'apercevoir que déjà la luminosité baissait, qu'une immense chaussure l'écrasait. Elle rendit l'âme, tandis que le propriétaire du pied continua sa course.

Avec lui, de nombreuses personnes couraient, toutes habillées de vêtements militaires... On aurait pu croire qu'ils fuyaient les balles ennemies, mais non... Ils étaient arrivés à la mer, et les quelques chefs qui poussaient des cris afin de rétablir l'ordre dans les rangs ne semblaient pas exister.

Les hommes se baignèrent et s'amusèrent pendant une ou deux heures, reposant leurs pieds fatigués de piler le sentier depuis 6h ce matin. Mais lorsque le soleil déclina, l'organisation militaire reprit le dessus, et un camp fut dressé, chacun sachant ce qu'il avait à faire. Ce soir, ils étaient arrivés avant leurs ennemis, mais demain, peut-être auraient-ils à combattre...

Soldat parmi les soldats, il fit son lit comme les autres, ni près du bord de la tente, ni trop au milieu. Il avait un nom banal : John. Enfin, ce nom là était celui que ses camarades lui avaient donné, " Valkirsk Rtejov " étant hors de leurs capacités de compréhension ; cela faisait 7 ans qu'il ne l'avait plus entendu... Il s'allongea sur sa paillasse en repensant au doux murmure de sa femme prononçant son nom dans son oreille... Finalement, " John " n'était pas plus mal, il préférait garder ce murmure à jamais dans ses oreilles, et attendre de la revoir un jour pour entendre à nouveau son vrai nom.

C'était le long d'une plage que sa vie militaire avait commencé, au moment où sa vie sentimentale s'était arrêtée. Elle lui avait dit qu'il fallait qu'elle parte, au-delà, qu'elle traverse cette mer qu'elle disait connaître. Que c'était son destin, et qu'elle ne pouvait l'emmener. Il était resté, donc. Seul.

Mais cela n'avait plus d'importance. Elle n'était pas revenue, et aucune nouvelle n'avait atteint ses oreilles. Il était parti, abattu, et s'était engagé dans l'armée. Tant qu'à mourir, autant que cela serve à quelque chose, non ?
Mais les dieux s'étaient joués de lui en le douant d'une capacité innée à survivre...

Il regarda le vert sombre de la tente, sur le point de s'endormir, une vingtaine de respiration tout autour de lui. Le visage aimé apparu, encore une fois, comme pour lui souhaiter bonne nuit. Il ferma les yeux et se laissa glisser...

La mer regardait les hommes et les hommes regardaient la mer. Ni l'une ni les autres ne bougeaient, chacun attendant un événement qui ne venait pas. Les sentinelles scrutaient l'horizon en permanence, avec une attention accrue depuis que les transmissions avec le Centre de Commandement à l'intérieur des terres avaient été coupées. L'armée était éparpillée sur presque 10km maintenant, et leurs ennemis n'avaient qu'à bien se tenir. Cette fois ci, les Anges mordraient la poussière !

Mais une fois encore, la journée se finit par la noyade du soleil de l'autre coté de la mer...

Trois jours plus tard, alors que la pâquerette avait presque disparue, découpée par des fourmis qui passaient par-là, une voile apparue à l'horizon.

L'armée se tint prête, et un peu plus tard, le navire qui arborait le drapeau de la Confrérie arriva à portée de voix des côtes.

Il s'arrêta et une navette fut mise à la mer. L'armée de son coté forma une délégation qui irait à la rencontre de ce bateau qui (à en croire le drapeau) était du même bord qu'eux. Les formes qui sortirent de la navette paraissaient épuisées et se mouvaient lentement. Pourtant, elles n'avaient ni halo ni ailes, la guerre était-elle finie ?

La délégation s'approcha, et son chef serra la main du marin qui se présenta... mais sa main se détacha ! Le corps du marin sembla s'ouvrir en deux et tomber comme une peau morte. Un Ange en sorti, tout lumineux, et déployant ses ailes brillantes. En une seconde, il fut sur l'homme qui lui avait serré la main, et ses ailes furent tachées de son sang.

Des masses d'Anges s'envolèrent du bateau pour rejoindre la plage, et l'armée chargea.

Les Anges contre les hommes. Les armes blanches contre les crocs. Les balles ne les atteignaient pas.

John se perdit dans la mêlée, cherchant encore une fois un chemin qui le rapprocherait peut-être de celle qu'il aimait Il trancha, esquiva, mais le combat était inégal... comment vaincre un ennemi qui peut se déplacer dans les 3 dimensions alors que nous restons cloués au sol ?

Mais les techniciens mirent enfin en marche les Vibrateurs, et les Anges eurent du mal à voler sur de longues distances. Ils se servirent donc de leurs ailes afin de réaliser des sauts que n'importe quel athlète leur envierait.

Il tuait et tuait et tuait. Comme toujours, cela ne s'arrêtait pas. Mais plus il avançait et plus il se rapprochait de la mer. Il luttait maintenant avec de l'eau jusqu'aux genoux. Les Anges avaient plus de mal à se mouvoir dans l'élément liquide. Les seuls obstacles dans l'eau était les corps des Anges morts, et de ses camarades. Bientôt, les Anges parurent moins nombreux, et son regard fut attiré par une longue chevelure dans l'eau. Ses sourcils se froncèrent et il sentit sa gorge se serrer. Ce n'était pas possible. Non. Certainement pas. Encore une illusion, comme chaque soir... Il décapita un Ange qui le séparait de ce corps et tomba à ses cotés. Il le retourna et ses yeux se fixèrent sur le visage qu'il avait tant aimé. Sa raison ne pouvait plus l'aider, et il la prit dans ses bras. Il s'avança vers le large, passant comme un fantôme entre des Anges qui ne l'attaquaient plus. Etaient-ils vraiment méchants ? Mais cette question fut noyée dans le flot de douleur qui traversait son être. La mer lui avait enfin envoyé un message. Et les dieux l'avaient laissé vivre pour le recevoir. A quelle fin ? Il ne savait pas, ne voulait pas savoir. Il s'enfonça dans les remous, et bientôt sa tête disparue. Il continua à marcher sur le fond, lesté par le corps dans ses bras. Il trébucha quand son cerveau manqua d'oxygène, et se retourna pour garder le corps de sa bien aimée contre lui. Il ferma les yeux et passa sa main dans les cheveux noirs.

Il était bien.

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Publication : Concours "Par delà la Mer de l'Ouest" (Juillet 2001)
Dernière modification : 07 novembre 2006


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